Trois raisons de regarder This Is Us

This Is Us, Dan Folgerman, 2016-…., diffusé sur NBC

Si, comme moi, vous êtes adepte des grandes fresques familiales que la télé américaine a su nous concocter au cours des quinze dernières années – de l’incroyable Six Feet Under à la sympathique Gilmore Girls, en passant par Modern Family —, alors le phénomène This Is Us vous est sans doute familier. La deuxième saison de cette série lancée en 2016 vient de s’achever dans un suspense insoutenable, me laissant, comme à chaque fin d’épisode, touchée, songeuse, admirative, bouleversée même. C’est encore sous le coup de cette émotion que j’ai eu envie de partager avec vous ma passion pour cette série. Voici les trois raisons pour lesquelles il vous faut découvrir This Is Us sans plus tarder !

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  • Le pitch (garanti sans spoiler !)

This Is Us raconte l’histoire d’un couple, Jack et Rebecca, et de leurs trois enfants, Kevin, Kate et Randall, de 1980, l’année de leur naissance, aux années 2010. Devenus trentenaires, les frères et sœur ont accompli certains de leurs rêves et renoncé à beaucoup d’autres : Kevin (Justin Hartley) est l’acteur principal d’une sitcom à succès qu’il déteste, tandis que Kate (Chrissy Metz) fuit son mal-être en prenant soin de lui à outrance. Leur frère Randall (Sterling K. Brown), quant à lui, s’interroge sur ses origines, soutenu par sa femme Beth (Susan Kelechi Watson). On découvre ces personnages à un tournant de leur vie, alors qu’ils remettent en question leurs priorités et doivent, surtout, parvenir à se réconcilier avec leur passé… comme leurs parents avant eux : le couple est en effet, lui-aussi, au cœur de This Is Us. La grande force de la série, c’est sa construction en flashbacks et son montage parfaitement maîtrisé. À chaque scène ou presque, on passe d’une époque à une autre, un changement qui nous déroute sans trop nous égarer – et quand c’est le cas, ce n’est jamais anodin. Ces allers-retours dans le temps nous font découvrir, par petites touches, le parcours de chacun des personnages. C’est aussi par leur biais que les scénaristes explorent la transmission entre générations, pour le meilleur et pour le pire.

 

  • Les relations familiales entre amour, blessures et accrocs

Car si This Is Us s’égare parfois dans un excès de grandiloquence ou d’émotion, la série parvient tout de même à proposer une réflexion extrêmement fine et nuancée sur la filiation et la parentalité. En filigrane, elle soulève une question bien actuelle, à l’ère de la bienveillance et de l’écoute : suffit-il d’aimer et de respecter ses enfants pour être un bon parent ? Des sacrifices que font ces derniers aux attentes inconscientes qui se transmettent d’une génération à l’autre, de la difficulté de donner confiance en eux aux enfants aux blessures cachées infligées par maladresse, This Is Us explore avec délicatesse l’aventure d’une famille qui s’aime, qui souffre, se relève et qui apprend tant bien que mal à communiquer. Grâce à un casting incroyable, qui m’a notamment permis de redécouvrir Mandy Moore et Milo Ventimiglia dans des rôles enfin à leur mesure, l’émotion est toujours juste et nous touche de plein fouet. La série parvient à éviter le pathos et à capter de façon remarquable les moments de bonheur et d’humour qui font le quotidien des familles, mais aussi l’implicite, les non-dits, l’émotion contenue et, surtout, la beauté d’une communication qui s’établit enfin.

 

  • Un miroir de la société américaine

Ce qui nous amène à un autre grand thème de la série, celui d’une société américaine où l’implicite est roi, où l’on veut rester proche sans vraiment se confier, où l’on doit rester fort et garder la face, quitte à avouer des années plus tard ses difficultés… La (re)découverte de ce mode de communication bien particulier m’a beaucoup intéressée. D’autre part, la diversité est le maître mot de This Is Us, qui parle notamment de la communauté Afro-Américaine et de la façon dont elle porte son héritage, mais aussi des pressions sociales liées à l’apparence, ou encore de la précarité.  Au-delà des aspects spécifiques aux Etats-Unis, la série saisit donc des tendances contemporaines, communes à toutes les sociétés occidentales. Y est abordé un thème vu et revu, celui des addictions. This Is Us évite pourtant la surenchère et la complaisance, et livre une analyse pertinente des rouages qui peuvent mener un individu, si solide soit-il, à la dépendance. Mais le thème qui m’a le plus marqué est sans doute l’impératif d’être « heureux » coûte que coûte, de se fixer des objectifs, de s’améliorer sans cesse… La société contemporaine où l’individualité est reine permet aux personnages de mieux se connaître et d’être en accord avec eux-mêmes, mais leur inflige aussi une pression implicite de la perfection, et la série analyse avec justesse cette ambivalence.

 

Convaincu(e)s ? Vous pouvez visionner This Is Us en DVD (pour la saison 1), en replay sur mycanal.fr (pour la saison 2) ou sur de nombreuses plateformes de streaming. Rendez-vous cet automne pour le début de la saison 3 aux Etats-Unis !

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Manon Gouin

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