L’Iran une dictature ultra-moderne

L’Iran, une dictature ultra-moderne

Le gouvernement iranien vient d’annoncer qu’il allait utiliser la technologie afin de pister et d’arrêter les femmes ne portant pas le hijab. C’est donc un élément qui vient alimenter le caractère répressif du régime, mais qui décide d’avoir recours aux intelligences artificielles. De façon à bien prévenir la population, la police iranienne a déjà annoncé, dans un communiqué, qu’elle « prendra des mesures pour identifier les contrevenantes en utilisant des outils et des caméras intelligentes dans les places et les voies publiques ».

Pour rappel, la loi obligeant le port du voile à toutes les femmes ne date pas d’hier. En effet, en 1979, à la suite de la Révolution islamique qui met fin au régime du Shah pour simplement passer à un autre type de dictature, un Etat islamique conservateur, qui met en vigueur dans la nouvelle Constitution une loi obligeant toutes les femmes à porter le voile. Déjà à cette époque, des mouvements féministes avaient gagné le pays, protestant contre cette forme d’asservissement de la femme, en vain.

Ce nouveau mode de répression, lié à la technologie et donc bien conforme à toutes les formes de dictature moderne (malgré le fait que ce soit une pratique plutôt occidentale), n’est pas si surprenant lorsqu’on voit comment le régime a tendance à se radicaliser depuis quelques temps. Cela fait écho à la tragédie survenue le 16 septembre dernier, où Mahsa Amini, une jeune iranienne de vingt-deux ans, arrêtée par la police pour avoir refuser de porter le hijab, puis morte en détention (des suites de coups violents de la police, même si ceux-ci parlent seulement d’un soudain « problème cardiaque »). Or, cet incident a provoqué une vague de manifestations à travers le pays, où plusieurs centaines de femmes ont marché dans les rues à visage découvert. Le gouvernement avait donné carte blanche aux policiers, qui pouvaient alors tirer sur ces femmes (plus de 66 mortes seront tuées le 30 septembre lors de la manifestation de Zahedan).

Le fait d’avoir dorénavant recours aux intelligences artificielles peut sembler toutefois surprenant, puisque le régime a coupé Internet dans toute la région du Kurdistan. Des caméras seront, comme c’est le cas dans les autres pays, installées dans les lieux publics. Or, celles-ci servent normalement à lutter contre le crime (même si évidemment leur nombre indénombrable laisse avoir des doutes sur leur réelle utilité) ; en Iran, ne pas porter le hijab quand on est une femme est considéré comme un crime, de cette façon le gouvernement pense justifier cette procédure.

Cette mesure montre bien jusqu’où peuvent aboutir les politiques ultra-conservatrices. Par ailleurs, toute femme aperçue sans le voile pourra être carrément jugée au tribunal. Le chef du pouvoir judiciaire iranien, Gholamhossein Mohseni Ejei, est venu le confirmer en disant vouloir « punir » toutes celles qui oseraient enlever le voile. A cela sont venues s’ajouter d’autres mesures insensées, comme le bannissement des femmes à visage découvert du métro de Téhéran. 

Heureusement, l’opposition parvient tant bien que mal à se faire voir. Comme il a été dit plus haut, la mort de Mahsa Amini a provoqué une renaissance du mouvement féministe en Iran, les dernières grandes manifestations datant de mars 1979, à la suite de cette fameuse loi instaurée. Certaines Iraniennes ayant vécu cette époque racontent avoir dans un premier temps soutenu la Révolution islamique, Khomeini ayant promis l’égalité. Puis il les a plongées dans un mode de vie moyenâgeux. Elles disent même regretter le régime du Shah, certes également patriarcal et aussi pro-américain, mais où toutefois il était possible pour une femme d’étudier, de travailler et de sortir à visage découvert. Aujourd’hui, on laisse les intelligences artificielles seconder le travail de la police, contribuant alors un durcissement du régime, déjà suffisamment traditionnaliste. On voit donc que modernisation ne signifie en rien amélioration ; même les plus réactionnaires peuvent finalement utiliser la nouveauté à leur avantage. 

Ilane Mancinelli

Laisser un commentaire